La dérive des sentiments
Dans le feutré d'une langue sensible et d'une rare élégance, le narrateur, double de l'auteur, se dévoile beaucoup sans exhibitionnisme ni misérabilisme et évoque la disparition de son ami et producteur, Eugène, atteint d'un cancer. En lieu et place d'une élégie malvenue, Claudel nous entraine dans une méditation douce amer sur l'inexorable passage du temps et sur la lente désynchronisation du corps et de l'esprit au soir de la vie de tout Homme. Un sentiment accru par la rencontre d'une jeune femme qui lui rappelle sans cesse les heures passées mais lui apporte aussi son lot d'heureuses surprises. D'abord anodin, le récit se révèle être une véritable leçon de sagesse. Claudel s’interroge, à l'image de ses films, sans jamais nous donner de réponse pontifiante. Le mystère de la vie, comme celui de la mort, perdure. Une lecture qui laisse indéniablement une trace.